la véritable histoire de barbe-bleue

Publié le 29/06/2016 à 16:58 par awranna Tags : barbe
La véritable histoire de Barbe-Bleue

La véritable histoire de Barbe-Bleue

Charles Perrault n'a pas inventé Barbe-Bleue à partir de sa seule imagination, il s'est largement inspiré d'une personnalité ayant existé, le roi d'Angleterre Henri VIII(1491-1547). Ce monarque eut pas moins de 6 épouses : certaines moururent naturellement, d'autres divorcèrent et les dernières eurent la tête coupée. Toute ressemblance avec un personnage imaginaire est loin d'être fortuite...

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Henri VIII, un prince (pas vraiment) charmant

Dates : 1491-1547

Titre : Roi d'Angleterre (1509-1547)

La véritable histoire de Barbe-Bleue

Prince charmant et fils cadet

Né en 1491, Henri VIII est le deuxième fils du roi Henri VII Tudor. Par son rang, il n'est pas destiné à régner : c'est son frère aîné, Arthur, qui est l'héritier direct du trône. En 1501, Arthur épouse la fille du roi d'Espagne, Catherine d'Aragon. Celle-ci, en plus d'être belle et intelligente, est pourvue d'une dot fort importante. Mais leprince héritier a une mauvaise constitution et meurt quelques mois après l'union. En 1502, Henri devient l'héritier du trône d'Angleterre et un parti très convoité : grand, athlétique, il a la réputation d'être "le plus beau prince de l'Europe".

Marié à sa belle-soeur

Mais la veuve reste un parti intéressant. Le roi d'Angleterre n'entend pas rendre Catherine à son père... et encore moins sa dot. Il propose donc de donner la jeune veuve à Henri. Pour que le mariage soit possible, il faut vérifier que la première union n'a pas été consommée, sauf dispense papale. Ni une ni deux, le pontife Jules II accorde la dispense de constatation de virginité. A 19 ans, Henri, très amoureux, épouse Catherine, de 6 ans son aînée. La première de ses six femmes...

Titres : Première femme de Henri VIII (1509-1532)

catherine d'aragonCatherine d'Aragon© Kunsthistorisches Museum, Vienne

Un mariage fastueux et heureux

Le nouveau roi aime le faste, le luxe, la fête et est très amoureux de son épouse. Comme le veut la tradition, il commence son règne en faisant décapiter deux des anciens conseillers de son père. Côté vie privée, le roi et la reine, bien que de cultures fort différentes, s'estiment. Seule ombre au tableau : l'héritier mâle tarde à arriver.

Le divorce à l'anglaise
Vers 1523, Henri s'interroge : en 20 ans de mariage, Catherine n'est parvenue à lui donner qu'une fille, Marie. La différence d'âge se fait sentir et la vieille reine ne peut plus porter d'enfant. Par ailleurs, il s'est entiché de la jeune Anne Boleyn, qui se refuse à lui tant qu'ils ne sont pas mariés. Mais comment se débarrasser de l'infante d'Espagne, tante du très puissant Charles Quint ? Comment faire annuler le mariage alors que le pape s'y refuse ? Henri invoque l'inceste (n'a-t-il pas épousé la femme de son frère ?), mais rien n'y fait. Finalement, l'ecclésiaste Thomas Cranmer trouve une solution : il suffit de décider que le roi d'Angleterreva également être le chef de l'Eglise. Henri est libéré et crée l'Eglise anglicane...

 

Titres : Deuxième femme de Henri VIII (1533-1536)

anne boylen

Anne Boylen© National Portrait Gallery

 

Une intrigante en Cour d'Angleterre
Fille de gentilhomme, Anne Boleyna été élevée à la Cour deFrançois Ier, où elle a accompagné Marie d'Angleterre (l'épouse de Louis XII). En France, la jeune femme a collectionné les soupirants et peut-être même les amants. En 1525, à son retour enAngleterre, elle est attachée à la reine Catherine d'Aragon. Henri VIII s'éprend rapidement d'elle et la couvre de titres et de bijoux. Mais cela ne suffit pas à la jeune femme, qui ne cède pas aux avances du roi : pour l'avoir, il devra lui passer la bague au doigt...

Du trône à l'échafaud
Le mariage a lieu en 1533. Le roi est fou amoureux et gâte son épouse, mais il est vite déçu. Très jalouse, colérique, la jeune femme ne lui donne par ailleurs qu'un enfant vivant, et ce n'est qu'une fille (la futureElizabeth Ière) ! Henri décide de se défaire de sa femme et l'accuse de trahison, d'adultère et même d'inceste avec son frère, George Boleyn. Le procès est expéditif. Le 19 mai 1536, deux jours après son frère, elle est décapitée par un bourreau spécialement venu de France, qui lui tranche la gorge d'un coup d'épée.

 

Titre : Troisième femme de Henri VIII (1536-1537)

jane seymourJane Seymour© Kunsthistorisches Museum, Vienne

 

Une union paisible
Une semaine après l'exécution d'Anne, Henri prend Jane Seymour pour épouse. Cela fait plusieurs mois déjà qu'il fréquente la jeune femme. Douce, modeste, calme et de sang royal, cette jeune demoiselle d'honneur est tout le contraire d'Anne. Très aimée de la Cour, elle apporte la paix au roi Henri, notamment en pacifiant ses rapports avec Marie, la fille qu'il a eue avec Catherine d'Aragon. Le roi, quant à lui, a bien changé : le prince dont toutes les princesses d'Europe étaient éprises s'est transformé en colosse obèse et aux traits boursouflés.

Un fils, enfin ! 
En 1537, Henri VIII éprouve enfin la joie qu'il attendait depuis des années : Jane Seymour lui donne le fils tant espéré, Edouard. Mais cette joie va de pair avec une nouvelle moins heureuse : 12 jours après la naissance de l'enfant, Jane meurt d'une fièvre puerpérale (maladie infectieuse qui peut suivre un accouchement). Henri fait construire un monastère bénédictin en son honneur et la fait enterrer à la chapelle Saint-Georges de Windsor. Le mariage aura duré à peine un an et demi.

 

Titre : Quatrième femme de Henri VIII (1540)

anne de clèvesAnne de Clèves© Musée du Louvre, France

 

Séduit par un portrait
Après la disparition de Jeanne Seymour, le roi, décidé à épouser une princesse, envoie ses émissaires dans toute l'Europe pour lui chercher une nouvelle femme. Parmi ses ambassadeurs envoyés sur le continent se trouve notamment le peintre allemand Hans Holbein. Il est chargé de faire les portraits des jeunes filles pour que le roi prenne sa décision : sont ainsi envoyés à Londres les tableaux de Christine de Danemark, de Louise de Guise, Anne de Lorraine, mais c'est finalement celui d'une princesse allemande, Anne de Clèves (que l'on peut voir ici), qui séduit le roi. Henri VIII voit par ailleurs d'un bon œil une alliance avec une maison protestante allemande.

A peine arrivée, déjà repartie
Mais la princesse allemande ne correspond guère aux attente de Henri : grande, maigre, fade, elle porte des toilettes peu seyantes, ne parle qu'allemand et ne sait pas apprécier la musique. Le roi la surnomme la "jument des Flandres" et s'ennuie tant à ses côtés qu'au bout de 6 mois, il l'envoie vivre à Richmond. Pour ne pas blesser les princes allemands, il lui alloue une rente princière. Anne vivra tout le reste de sa vie enAngleterre, discrètement et paisiblement.

 

Titre : Cinquième femme de Henri VIII (1540-1542)

catherine howardCatherine Howard© Toledo Museum of Art, Toledo

 

Une jeune femme vive et fraîche...
Après avoir fait annuler son mariage avec la fade Allemande, le roi vieillissant s'éprend de Catherine Howard. La jeune Anglaise, âgée de 18 ans, est vive, piquante, insouciante. Issue d'une grande famille aristocratique, celle des Norfolk, d'une très grande beauté et fort courtisée avant son mariage, elle fait tourner la tête du roi, qui apprécie son côté "femme-enfant" et la surnomme bientôt sa "rose sans épine".

... Mais délurée
Mais la jeune écervelée conserve ses habitudes prises avant le mariage, en continuant à avoir des aventures, désormais adultérines. Au cours d'une absence prolongée du roi, pendant l'été 1541, elle noue une relation avec Francis Derham, bel esprit des soirées mondaines. Mais on ne trompe pas un roi impunément ! On vient bientôt lui demander des comptes et la jeune femme, après s'être fait promettre la clémence du roi, passe aux aveux. Mal lui en prend : fou de rage, Henri VIII la fait décapiter en février 1542. Et édicte une loi : désormais, seront condamnées à mort toutes les femmes n'étant pas vierge et ne l'ayant pas avoué au roi avant leur union et toutes les femmes de prince ou les reines convaincues d'adultère.

 

Titre : Sixième femme de Henri VIII (1543-1547)

catherine parrCatherine Parr© Toledo Museum of Art, Toledo

 

Une femme de bonne compagnie
Un an après l'exécution de Catherine Howard, Henri VIII décide d'épouser une dernière Catherine : celle-ci a 31 ans, est veuve et s'appelle Catherine Parr. Le roi cherche avant tout une garde-malade attentive : devenu impotent, il doit se faire porter pour monter l'escalier. Catherine répond à tous ses désirs : prudente et sage, cette femme "sans grand charme" est également très cultivée et intelligente, et prend grand soin des enfants du roi. Attentionnée, elle s'occupe également très bien de son mari de plus en plus malade et... tyrannique.

Une fin de règne dans la terreur
Il faut dire qu'il suffit de peu pour s'attirer les foudres du vieux monarque. Henri VIII, à la fin de sa vie, a pour principal loisir de couper les têtes de ses anciens proches et conseillers : tous les cousins et petits cousins du roi montent sur l'échafaud les uns après les autres, tout comme l'ancien conseiller Thomas Cromwell. Le règne, commencé dans la joie, se termine dans la terreur.

La véritable histoire de Barbe-Bleue
Des intérêts personnels qui ont marqué l'Angleterre

Si la vie privée de Henri VIII le fait apparaître comme le "Barbe-Bleue du XVIe siècle", son règne a aussi été marqué par des événements majeurs en termes politiques. Henri VIII est avant tout le créateur de l'Anglicanisme. Certes, sa décision de créer une Eglise d'Angleterre a été surtout motivée par des intérêts personnels et par l'envie de répudier Catherine d'Aragon mais elle a durablement transformé la religion en Angleterre.

Les spécificités de l'Eglise anglicane En 1534, Henri VIII fait rédiger l'acte de suprématie qui fait du roi et de ses successeurs "le chef unique et suprême de l'Église d'Angleterre", une première dans ce pays, où le roi a désormais entre ses mains les pouvoirs politique et religieux. Se considérant comme une Eglise catholique non-romaine, l'Eglise anglicane permet cependant aux clercs (prêtres et évêques) de se marier et d'avoir des enfants. Dans la plupart des églises anglicanes, il est également possible pour les femmes d'être ordonnées prêtres.
henri viii, roi d'angleterre
 Henri VIII, roi d'Angleterre © Hans Holbein le jeune